Un grand bonjour à toutes et à tous,
Et oui me revoilà déjà. Je sais que le rythme des articles est soutenu pour le moment, mais ça ne fait que refléter la tournure actuelle du voyage. Je vais donc vous relater ce que j’ai fait dans cet archipel du bout du monde qu’est le Vanuatu. En 6 jours ici, j’ai eu l’occasion de réaliser des expériences et de vivre des moments que je n’aurais pas imaginé encore pouvoir vivre sur cette planète. Que ce soit culturellement ou géographiquement, le Vanuatu est une mine de découverte. Souvent je me suis senti plongé dans le passé. Si la visite des villages Hmong au Vietnam m’a un peu fait penser au Moyen-âge, ici je ne me suis pas retrouvé très loin de la préhistoire!
Mon arrivée dans le pays a pour sa part été beaucoup plus civilisée. C’est au gigantesque (…) aéroport international de Port Vila que j’ai été accueilli par Alexis et ses deux filles, Francesca et Malena, qui ont d’ailleurs bien changé depuis mon passage au Mali. J’avoue avoir été surpris par la chaleur à la sortie de l’avion. Alors qu’en Nouvelle-Zélande il fait très agréable et même un peu frais le soir, ici il fait environs 35 degrés et le tout dans une humidité impressionnante. Alors que je débarque dans les îles du Pacifique en pleine saison des pluies, je n’ai encore pratiquement vu que le soleil! Après avoir dit bonjour à Raquel, posé mon sac et pris un jus de fruit en ville, j’ai directement été emmené pour l’activité incontournable du week-end : le snorkeling. Nous avons attrapé des masques, des palmes et des tubas et nous sommes vite partis explorer les coraux qui entourent l’ensemble des îles! Pas trop désagréable comme entrée en matière…. surtout que le tout a été suivi du film au bord du lagon (mais ça c’etait déjà dans le dernier mail).
Ma première journée complète sur l’île a été consacrée à l’exploration de la capitale et à organiser la suite de mon séjour. Il y seulement deux villes dans le pays. Mais quand on dit « ville », à l’échelle européenne on parlerait plutôt de village. Port Vila est une ville très verte, couverte de cocotiers, palmiers et fleures. C’est un endroit petit dont on a vite fait le tour mais qui est très agréable. Comment pourrait-il en être autrement quand on est sur une colline tropicale au bord d’un lagon corallien? Sur la semaine, j’ai eu l’occasion de visiter deux petits musées sur l’histoire et les traditions locales. Ce fut deux visites très intéressantes qui m’ont fait découvrir une partie de l’histoire du monde sur laquelle je n’avais pas la moindre connaissance. Voici quelques anecdotes sur l’histoire du pays :
– Je vous parlais dans le dernier article de la gestion différente par deux pays sur le même territoire et je me demandais comment ça se passait sur les routes. Est ce que les anglais roulaient à gauche et les français à droite??? Et ben oui! Du moins jusqu’a un certain moment… A l’époque où il n’y avait pas encore de voitures, chacun circulait à cheval du coté de la piste utilisé dans son pays… Ce qui a bien entendu vite provoqué de nombreux problèmes. Un jour un anglais et un français ne voulant pas bouger et céder le passage ont décidé que le prochain cavalier à passer déciderait du coté de la route à adopter! Et ce fut un missionnaire français…. Aujourd’hui on conduit donc à droite!
– Le pays n’est pas toujours très sûr. Et quand on est une femme il vaut mieux ne pas se trouver en rue seule le soir. Le sexe est tellement tabou dans ce pays que ca monte à la tète de beaucoup d’hommes qui finissent par faire de grosses bêtises. De plus les prisons sont… un peu spéciales. Ici, hormis pour les assassins, la prison ferme le week-end et chacun rentre chez soit…. Ou alors hier, il y a 13 meurtriers considérés comme ultra dangereux qui se sont échappés ensembles de la prison! Au musée, j’ai appris qu’un groupe d’homme avait enlevé, violé et tué une fille en 1995. Le frère de la victime était de la partie. Après lui avoir sorti les intestins, ils les ont fait manger par le frère… En 2001, ils ont été condamnés (c’est la première fois que des hommes étaient reconnus coupables pour ce genre de comportement « pas très bien »). Comme ils avaient déjà fait 12 mois de préventive, le juge a estimé qu’ils en avaient fait assez et qu’ils étaient donc libre!
– Tant qu’on est dans le traditionnel, j’avais dit dans mon dernier article que le cannibalisme était terminé depuis un peu plus de 100 ans. Mais en fait ça c’était aux Fidji! Ici, il n’a disparu des coutumes courantes que dans les années 20 et a encore été pratiqué, mais très rarement, jusque dans les années 60 (l’histoire précédente prouve qu’il y a encore des traces…). Il y a encore quelques décennies, on enlevait les deux dents avant supérieures des femmes en les frappant avec une pierres pendant des heures pour les rendre plus jolies. Avant que les missionnaires (arrivés dans les années 1800) n’arrivent à convaincre les indigènes, quand un homme mourrait sa femme était tuée avec (comme ça elle s’occupait bien de son mari…). Le métal, le tissage,… n’ont été amené que par les européens!
– A l’heure actuelle, on achète toujours sa femme à son futur beau père avec des cochons et des poulets…
Etant dans un pays aussi intriguant, je ne pouvais pas rester uniquement dans la capitale ni même sur l’île principale. Il fallait que j’aie encore un peu plus loin! Et même si ça m’a couté les yeux de la tête de voyager ici, je ne reviendrai sûrement pas tout prochainement au Vanuatu! Il fallait donc en profiter à fond et on verra plus tard comment gérer les finances. Il n’y a que deux autres îles qui sont reliées quotidiennement et non hebdomadairement. Et puisque j’avais 6 jours dans le pays, je devais absolument me limiter à une des deux possibilités. Evidemment c’est deux îles sont celles qui ont le plus d’intérêt touristiques! Sur Santos, au Nord, il y a un des plus beaux sites de plongée au monde. Deux navires US ont coulé au large de cette île pendant la seconde guerre mondiale et font aujourd’hui le bonheur des plongeurs qui arrivent jusque là. La deuxième possibilité, celle pour laquelle j’ai opté, était de me rendre sur l’île de Tanna, au Sud, sur laquelle se trouve le Mont Yasur, le volcan en éruption le plus accessible du monde. Il faut entendre par accessible, qu’on peut atteindre le cratère assez facilement …. rejoindre le pied du volcan c’est autre chose!
J’ai donc acheté un billet d’avion pour l’île de Tanna et le lendemain j’embarquai à bord d’un petit avion pouvant transporter 17 passagers (mais on était 10 à bord). A peine arrivé a l’aeroport, que j’étais accueilli par un local qui m’a conduit à mon bungalow avec vue sur la mer et les coraux. Jusque là, je n’étais pas encore bien perdu…! C’était même plutôt le grand luxe. J’ai donc fait un peu de snorkeling et je suis un peu parti « à l’aventure » découvrir les environs. Tanna est la troisième île d’importance du pays et quand je vois l’isolement, je n’ose imaginer les infrastructures de la 60ème … Il y a 30.000 habitants sur l’île qui vivent répartis dans des petits villages sur toute l’île. Etant donné l’intérêt touristique pour le volcan Yasur, des pistes ont été construites et des véhicules peuvent circuler sur l’île. Mais hormis dans un rayon d’un kilomètre de l’aéroport, c’est du vrai tout terrain qui nécessite des fameux 4×4. Il n’y pas de pompe à essence et on y fait le plein grâce à des bidons.
Pendant l’après-midi un guide est venu me chercher pour m’emmener vers ce qui allait être le spectacle naturel le plus épatant de ma vie. Ca nous a pris une heure et demie pour traverser la forêt dense et les petits villages indigènes. Apres quelques superbes arrêts photos, nous avons alors atteint la pleine des cendres. La terre et le sable des pistes avaient laissé la place à des étendues de cendre rejetée par le volcan. En roulant, j’avais un peu l’impression de me retrouver dans les décors de Jurassic Park (les grandes étendues vertes entourées de montagnes),…. Un moment j’etais même prêt à voir un T-Rex au bout de la plaine. Au pied du volcan, il n’y avait plus de végétation… juste des blocs de pierre que le Yasur rejette lorsqu’il s’énerve vraiment. En sortant du 4×4, j’ai été marqué par les bruits terribles que produisait cette montagne. Bien que dans un coin de paradis, l’enfer n’était plus loin! Quelques centaines de mètres plus loin et nous arrivions sur la crête qui dévoilait deux énormes cratères fumants. Régulièrement le sol tremblait et des explosions nous impressionnaient.
Au sommet de la crête, nous pouvions enfin admirer le fond du gouffre et le réservoir de lave bouillante. Le volcan était en éruption au niveau 2! S’il avait été à un niveau 1 nous aurions eu un spectacle moindre. S’il avait été de niveau 3, nous n’aurions pas pu aller sur la crête. Et s’il avait été de niveau 4, il aurait fallu évacuer les villages aux alentours. De plus s’il avait commencé à pleuvoir, nous n’aurions rien vu…. Bref, j’etais très chanceux. La lave bouillonnait à 2-3 centaines de mètre de moi et dans des explosions violentes, je voyais le volcan projeter des blocs rouges dans toutes les directions. Si un bloc comme cela te touche, il parait que tu peux être désintégré…. Les explosions ont été de plus en plus fortes et les jets de lave de plus en plus hauts. J’assistais à un véritable feu d’artifice naturel. Le spectacle ne devenait que de plus en plus génial lorsque la nuit tombait! Et dire que quelques jours plus tôt je ne savais même pas que c’était possible de voir un volcan en éruption! C’était un spectacle fantastique.
Le lendemain matin, j’ai été visiter le petit village de Yakel qui se trouve également à 90 minutes de 4×4 dans les terres mais dans une autre direction et via un chemin beaucoup plus difficile. Incroyable mais vrai, ce village est le dernier de cette île là dans lequel les indigènes ne sont vêtus que d’uns sorte de feuille qui emballe le pénis pour les hommes et d’une jupe de longues herbes séchées pour les femmes. Ils vivent presque en totale autarcie. Il faut dire que la terre est tellement fertile qu’ils ont de très bons légumes et fruits en grande quantité. De plus ils ont de nombreux animaux (on dit que le bœuf du Vanuatu est le meilleur du monde). Beaucoup de villages vivent donc presque exclusivement de leurs propres ressources. Si le village de Yakel a tellement peu changé c’est certainement parce que le chef du village est très vieux et ne veux entendre parler d’aucune modernisation! Il aurait 109. Et même si ça semble difficile à croire, il n’a pas l’air beaucoup plus jeune. En tout cas en voila un qui a du mettre quelques blancs ou quelques bonnes femmes …. dans son assiette! Il est visiblement assez mal en point et n’en aurait plus pour très longtemps, ce qui risque de faire prochainement changer ce village. J’avais un peu peur de me retrouver dans un show touristique puis qu’il y a des visiteurs presque tous les jours. Mais finalement ça n’avait rien à voir avec la triste expérience du lac Titicaca en Bolivie. La seule fille du village à parler anglais (elle vient d’un autre village mais a été achetée par son cousin qui est de Yakel….) nous a permis de faire le tour du village, nous a présenté très brièvement au chef et puis ils ont fait une danse locale. Mais on était bien loin de la démonstration que je craignais. Là je me suis vraiment rendu compte que je me trouvais très très loin de la maison! Ce n’est pas le monde, ou pas la même époque…
J’ai regagné Port Vila dans l’après-midi. Et alors que 4 jours plus tôt j’avais eu l’impression de débarquer dans un endroit perdu, j’avais cette fois la sensation de revenir à la civilisation! Nous avons été prendre un verre en ville avec Alexis et je suis resté dans les environs de la capitale pour les deux jours qui restaient. J’ai encore été voir quelques belles cascades, mais ça semble un peu simple par rapport aux deux jours à Tanna. Ce soir je vais voir un concert local avant de prendre un avion pendant la nuit qui me reconduira à Auckland en Nouvelle-Zélande. Et demain, je prendrai cette fois bien la direction des Fidji.
Puisque vous n’étiez pas contents de recevoir mes articles pour commencer la semaine, en voici un pour la terminer. Je vous souhaite à tous un excellent week-end.
Goral – Sébastien